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Oô pays de Pyrène du côté de Bachimaña !

 

 

C’était il y a une dizaine de jours, un weekend montagne dans la province espagnole d'Aragon, avec une saveur d’avant confinement.

Que l’on l’appelle « Tour du Pic de Péterneille », ou «Bachimaña », c’est le même pays des lacs, entre la crête des Pics d’Enfer, la pointe de la Grande Fache, et le Grand Pic d’Arratille. Découvert il y a deux ans par Anne-Marie et Sylvie en passant par Brazato et la « Tuberia », le site a été reconnu par Alain, Anne-Marie et Hervé à partir des Banos de Panticosa, avant l’arrivée des dix-sept participants.

Favorisé par une météo sur mesure, notre objectif de détente et de reprise de contact avec les Pyrénées s’est déroulé nominalement. Le vendredi matin à 10h00, toute la troupe était au départ devant le pignon de la Casa de Piedra, pour entamer le chemin des cascades du rio Caldarès. Quelques câbles de sécurité plus tard, nous avons atteint le replat de Bozuelo, et poursuivi pour pique-niquer au bord du torrent, sous les cascades du Fraile, et du déversoir de Lavazza. Les zig-zags du Fraile sur la digestion, nous ont hissé jusqu’au barrage du lac de Bachimaña Bajo, dominé par le refuge éponyme et accueillant, vers 14h30. Avec les consignes sanitaires de rigueur, nos sacs, désinfectés, ont rejoint nos deux dortoirs au deuxième étage. Le reste de l’après-midi a été consacré au farniente, à la promenade vers le barrage du Bachimaña Alto, et au spectacle des hélicoptères déposant leurs fardeaux de part et d’autre du refuge.

Le lendemain matin, départ à 8h00, avec des sacs allégés, sur le GR11 le long du Bachimaña Alto, pour atteindre le grand carrefour du vallon du col d’Enfer, du chemin du Col de Marcadau, et du déversoir du Bramatuero Bajo. Le panorama est énorme : à gauche sous la lune gibbeuse l’écharpe blanche et calcaire des pics d’Enfer s’achevant sur le Garmo Blanco ; celui-ci domine le col d’Enfer avec le Piédrafita caractérisé par sa bretelle blanche. La Grande Fache est le sommet le plus important vers le nord, suivi du pic Falisse qui domine le col du Marcadau. A droite du col, ce sont le Huga, le pic Marcadau, puis le pic de Péterneille. Les pics (petit et grand) d’Arratille ferment le paysage vers l’Est, masquant le Vignemale qui est juste derrière. Pour finir le 360°, il reste le pic de Serrato, et la Diente de Batanès qui dominent le refuge de Bachimaña d’où nous venons.

Un trail montagne est en cours sur cette portion du GR11 en direction du col d’Enfer. Nous quittons le chemin des lacs Azules, pour rejoindre le pylône météo et nous élever vers le barrage du Bromatuero Bajo : quelle dommage de voir le fond d’eau qui reste ! Au lieu de patauger sur le mur du barrage, nous arpentons une digue sèche. Un bon chemin continue vers l’amont du lac, et longe des zones humides, où des grenouilles grosses comme l’ongle, sautent dans la mousse et les linaigrettes plumeuses. Notre salle de pique-nique, en amont d’un petit lac de faible profondeur, précède la montée pierreuse vers le Bromatuero Alto, que nous avions atteint il y a deux jours lors de la reconnaissance. Louis, à l’imitation des têtards, ne peut résister au plaisir de se baigner dans l’eau très fraîche du torrent (30 cm de profondeur !). Une tourbière envahit un ancien étang, avec les méandres presque coupés du ruisseau. Le sol acide justifie la présence des grassettes à cette altitude. La flore dominante en cette saison comprend les aconits napel au bleu profond, la grande oseille dont les hampes florales sont sèches, l’arnica couleur soleil au bord des ruisseaux, et la berce de Pollini aux grandes feuilles découpées et aux inflorescences larges et couvertes de graines. La grande gentiane subsiste sous forme de tiges fanées. Les rhododendrons sont bien verts, la floraison s’étant achevée depuis plus d’un mois.

Nous redescendons en passant par la bergerie au bord du Bachimaña Alto, où nous immortalisons notre passage sur fond des pics d’Enfer, puis sur fond de lac bleu profond. Bien qu’il n’y ait plus de troupeau en estive, il y a eu des moutons il y a peu de temps autour de cette cabane. D’où pouvaient-ils venir ? Les marmottes ont repris possession des lieux. Leurs sifflements marquent notre passage de loin en loin. On aperçoit les jeunes marmottes courant dans les rocailles, et les adultes plus lourds de leurs provisions stockées en vue de l’hiver à venir. Il y en a beaucoup autour du refuge. En redescendant vers celui-ci, nous croisons de nombreux trailers, encore vaillants malgré plusieurs dizaines de kilomètres ou assis à l’ombre d’un rocher pour récupérer un peu. Au refuge le relai casse-croûte est en phase de démontage.

Sur l’indication d’explorateurs la veille, Anne-Marie et Hervé vont à la recherche de la grotte mystérieuse et inondée, abritant les « boucliers de Brennus » d’origine très ancienne. De petites sculptures brunes comme des mascarons entourent un plateau aux dessins étranges. Un examen aussi approfondi que scientifique, révèle leur identité : il s’agit des extrémités des tunnels de la conduite forcée envoyant l’eau des lacs de Bachimaña vers la grande conduite qui descend tout droit vers les Banos de Panticosa. Près du barrage du Bachimaña Alto, vision fugitive d’une femelle isard et de son petit remontant vers le lac de Coanga.

Dimanche matin, après un dernier tour des chambrées, départ à 8h30 pour rejoindre la descente par le déversoir du Lavaza et les mares de Lumiacha. Au départ nous constatons un dépôt blanchâtre sur les brins d’herbe rase : pas de doute, c’est de la gelée blanche, vite fondue par le soleil dépassant les crêtes de la montagne. Il n’y a personne sur notre chemin, et nous pouvons admirer à loisir une harde d’isards se reposant au soleil en contrebas du chemin. Beaucoup de jeunes à proximité des adultes. Nous les dérangeons à peine, et prenons largement le temps de les photographier. En face de nous, sous les Arnales et le Garmo Negro, nous avons une large vue sur les cascades du Fraile, les zig-zags du chemin de vendredi et le refuge de Bachimaña.

Puis nous basculons sous les falaises dans la vallée descendant du secteur du pic de Brazato. Beaucoup d’escaladeurs approchent puis escaladent les falaises, et leurs appels remplacent les sifflements des marmottes. Avant d’arriver aux lacs de Lumiacha, nous croisons deux troupes de randonneurs espagnols remontant vers Bachimaña par cette voie moins fréquentée que le chemin des cascades, tous des vieux ! Près de la première mare, nous déposons nos sacs et nous partons à la recherche du lac principal, caché sous les pins et les sorbiers, entouré d’une abondante végétation de roseaux qui protègent cette zone sensible. Nous déjeunons à ce niveau, et y trouvons d’importantes quantités de framboises très parfumées, sous les grappes rouges des sorbiers.

La descente se poursuit le long du « camino de los machos », ancien chemin des ouvriers des barrages et conduites forcées. Trois fois nous franchissons la grande tuberia qui aboutit aux Banos, que nous rejoignons vers 15h30, en traversant un quartier qui doit beaucoup aux avalanches, en dégâts et en pare-avalanches. La traversée de cette station thermale aménagée comme un grand parc arboré à côté de son lac carré, avec toute une zone dédiée au ski de fond en hiver, achève notre retour près de la Casa de Piedra. Ce lac carré, visible de toute la corniche montagneuse au-dessus des Banos, permet une localisation précise et rapide.

Le refuge est très confortable, et nous avons eu la chance d’être toujours au premier service du soir (à 19h30). L’équipe pilotée par Mario apporte une attention permanente à ses visiteurs. Rigueur sanitaire, disponibilité au bar, cuisine locale, sécurité autour du refuge (hélicoptères), ils sont omniprésents toute la journée. Hasta luego !

Nous nous sommes fondus dans la communauté des nombreux amoureux de la montagne : groupes et familles espagnoles, randonneuse du GR11, montagnards avec leurs chiens, trailers aux mollets d’acier etc, nous avons échangé quelques mots, surtout ceux qui pratiquent la langue espagnole. Peu de français là-haut, surtout des étrangers !

Pour cette sortie nous avons eu le plaisir d’accueillir Jacqueline et Jean-Guy, venus de Bourges et qui ont ainsi découvert avec nous une montagne sauvage et accessible à (presque) tous.

Merci à Anne-Marie (référente Iphigénie), et Alain (référent pique-nique) pour leur bienveillance à toute épreuve. Merci à Suzie (référente cartographie) et André (référent montagne) pour leur participation à l’animation du groupe.

Merci à Marie, Mireille et Jean-Louis, Nathalie, Gilles, Annie, Ghislaine, Yannick et Philippe, Martine, Philippe, Nicole, Jean-Guy, Jacqueline et Louis, merci à tout le groupe pour sa discipline et sa jovialité, son plaisir à être en montagne et sa curiosité naturelle.

Amitiés à tous – Hervé

 

Texte d'Hervé

photos de  Mireille et Hervé

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