Oyez tous le récit d’un grand week-end hispanico-français, avant de contempler les photos envoyées par Michel et Etienne. + celles de Jean-Claude
Vendredi 9 Septembre 2011 à l’entrée d’Aragnouet-Fabian, le gîte accueille les deux voitures des huit participants à cette sortie montagne de niveau 3. Les consignes et le matériel individuel sont distribués. La météo annoncée est conforme à nos souhaits.
Samedi matin en descendant sur l’Espagne après le tunnel équipé de feux tricolores de longue durée, nous contemplons à l’ouest LE CIRQUE DE BAROSSA objet de notre curiosité. Les voitures sont stationnées à l’Hôpital de Parzan. Le circuit commence par une large piste. Elle traverse les restes de l’installation minière, et la station inférieure du système de nacelles qui évacuaient jadis le minerai extrait de la montagne. Le chemin des mines monte d’abord aimablement à travers la forêt, par une série de lacets, puis emprunte un genre de vire escarpée pour déboucher dans les prairies en contrebas de la station supérieure du câble aux nacelles. Les mines sont obstruées par les résidus, mais leur implantation sur les veines de minerai entre grès et granit est bien visible. Nous passons le col de la Llena et déjeunons face au Mont Perdu avec un panorama sur l’Est des Pyrénées.
Ensuite nous rejoignons le col d’Espluca Ruego, petite brèche débouchant directement sur les falaises du pic Ruego. Nous découvrons le cirque au niveau de l’affrontement entre le socle hercynien et les couches calcaires de charriage : l’affrontement a été brutal, et nous allons voir cela de plus près. Un premier câble à peu près en état nous donne de l’assurance (en sus de notre MMA) pour longer le vide. Après, nous enchaînons les petites vires, et les limites supérieures de pierriers pourris où la trace est étroite. En fait la falaise nous donne un appui si besoin, mais jamais de prises très fiables. Par contre nous gardons l’aide de nos bâtons, et nous restons concentrés. Attention, pour prendre des photos ou simplement regarder le paysage, la consigne est d’abord de s’arrêter sur une zone bien stable, pour ne pas risquer l’écart par inadvertance. Sous le Pic Robinera, de rares restes de chemin étayés nous confirment que nous n’avons pas bifurqué par erreur !!!
Après les deux tiers du parcours nous faisons une pause sur le Dôme, balcon herbeux sous la Munia. Le spectacle est grandiose, et lorsque nous nous retournons, nous avons du mal à suivre notre chemin des yeux. Bon c’est reparti pour le dernier tiers. La difficulté majeure constituée d’un passage en dévers sous une voute munie d’un câble à huit points dont cinq cassés par oxydation, se franchit avec prudence et Etienne, mais sans impressionner davantage : on en a passé bien d’autres ! Un peu de cinéma pour passer sur un rocher, et bientôt nous atteignons le versant opposé du cirque sous le col dit de Barossa côté espagnol, et de Barroude côté français. Le col franchi, nous découvrons le Cirque de Barroude, et le refuge près des lacs sous le pic de Troumouse.
Quelques chiffres : montée initiale de 1100 m, puis sur les 7 km du cirque un cumul de 350 m supplémentaires, et 100m pour passer le col : soit environ …. Départ à 9h15, repas en haut vers 13h30, début du chemin des mines à 14h15 et passage au col de Barroude à 17h30 puis refuge vers 18h10. Ce que nous gardons en mémoire ne se chiffre pas : des mineurs ont parcouru ce chemin avec des mules pour aller récupérer les minerais de plomb et de fer pendant des décennies, voire des siècles, sur des aménagements sommaires destinés à rendre le passage possible aux animaux chargés. Abandonné, façonné par l’érosion, el camino de las pardas s’est dégradé au point d’être juste utilisable par des touristes comme nous. Il y a six ans, quelques câbles de sécurités ont été mis en place, et déjà la moitié n’est plus fiable. Les conditions de passage n’ont jamais dû être faciles. Quel spectacle.
Le dortoir du refuge est plein, et quelques chahuts nous bercent le soir. Le vent nous berce toute la nuit, en rafales rageuses sur la toiture de ce refuge exposé. Mais le temps reste beau et doux, et le dimanche matin, par un chemin (HRP) large comme çà, nous allons jusqu’à la Hourquette de Charmentas en une heure. La moitié du groupe (Etienne, Jean-Claude, Anne-Marie et Gérard) montent sur les contreforts de la Géla, tandis que les autres (Marie-Claude, Michel, Henri et Hervé) recherchent aux jumelles les marmottes, et dit-on, peut-être un ours ! Ah, j’ai oublié de dire que depuis hier, les hardes d’isards nous contemplent régulièrement. Après avoir mangé au refuge à l’abri du vent, nous repassons le col de Barossa (13h30), et nous descendons par un chemin long et facile vers l’Hôpital de Parzan où nous rejoignons nos voitures vers 16h30.
Le tunnel, muni dans ce sens de semaforos de larga duracion, nous permet de rejoindre Aragnouet pour le pot de clôture traditionnel, et la fin de notre saison de montagne. Bon, c’était du solide niveau 3, disons du 4. Emerveillés mais satisfaits de nos découvertes, nous réalisons que nous n’avons même pas ramassé un morceau de galène : il va falloir y retourner.
Merci à Etienne et Jean-Claude, et amitiés à tous les participants et à tous les lecteurs.
Hervé-qui-en-rêvait-depuis-trois-ans