Qu'il soit proclamé que ce jeudi, XXVIII ème jour du mois de novembre de notre an de grâce deux mil vingt quatre, 50 Gentes dames et preux seigneurs de la rando ont piétonné de bon aloi sur 12 km avec moult vaillance et force jarret.
Leurs olifants proclamaient haut et fort « qu’ils trépassent si leurs pieds faiblissent ! »
Point de couards, ni de marauds pour reculer devant la merdaille des chemins et des buissonades, ni devant la malaventure de rencontre des charrois motorisés.
Ils ont su tirer la gourdasse pour se désaltérer et se repaître de quelques victuailles pour aller derechef en avant.
Point de plaintes et jérémiades furent odis, juste le fatrouillage habituel des pastourelles et pastouriaux qui nous ont réchaudi les oreilles.
Le bourg du Pian-Poujeau à peine quitté, sans choir, la troupe s’est enfoncée dans des sombres forêts où la main de l’homme n’a jamais mis le pied.
Sieur François de Vilquin, grand maître des forêts ténébreuses et plus si entente, nous guidait en ces lieux de perdition où plus d’une jouvencelle aurait tremblé. Mais le preux François n’en avait cure. Il volait, il courait toujours guidant et chassant devant lui quelques créatures infernales dont il nous épargnait les tracas.
Le Chevalier de Lemire, récemment rentré de croisade en bonne terre de Luberon, le suivait. Certes à distance prudente, le bougre. Non pas qu’il eu trouillé mais périr dans cette forêt peu lui chaut. Surtout si un autre peut le faire séant et à sa place.
La forêt maléfique, ou enchantée selon les cas, traversée, quelques charrois à chevaux vapeur évités et la troupe des gueux et gueuses longe la Jalle de Ludon sise au Pian Centre.
Ici Point de dragons, ni créatures aquatiques mais une aimable et doulce quiétude nous enveloppe. Quelle belle rencontre avec l’Osmonde Royale, seigneur des Fougères. Une bien noble lignée !
Prudence ami ne serait ce point quelques félonies de la fée Morgane ces doulces lumières et doigts de Dieu qui atraversent les frondaisons et voudraient nous faere.
Que nenni ! La troupe par moultes prières et force dévotions passe ce ru ensorcelant.
Aussitôt la lumineuse cité bénie de Le Pian-Centre apparaît, et une musique céleste nous enveloppe. Et tous de s’esbaudir et de s’égayer devant tel spectacle.
Cependant, point n’est venu encore le temps de faire belle pitance et de se régaler de brouet en quittant nos défroques de randonneurs.
Il faut aller de l’avant car, de la nuit, tous craignent la terreur et la froidure. Point n’est encore venu le temps des giguedouilles avec quelques jouvencelles et jouvenceaux.
Aux criements de Sieur de Vilquin et du Chevalier de Lemire, aiguillonés par Le Preux Laurent (un cousin de Roland) et l’enchanteresse Mauricette (point de Maure cependant dans sa noble descendance), la troupe s’élance et franchit prestement les anciennes courtines du Pian-Centre.
Devant nous la forêt se dévoile. Il faut la traverser. L’inquiétude sourd quand le fanal « Chemin du Dragon » apparaît. Quelle est cette nouvelle menace au moment où la cloche chrétienne nous appelle aux Vêpres ?
On s’interroge, on se hèle. Faudra t’il ici faire sacrifice de quelques jouvencelles pour les bonnes grâces des mânes des ancètres ?
Par la mordiou et la malepeste, 50 nous partîmes, 50 nous rentrerons. Et la troupe s’élance portée par le vent. Ce n’est point quelques bricarels (ou loups-garoux) qui vont les arester.
La merdaille des chemins se fait encore plus grande. Sieur Eric a chu, quelle mauvaise fortune ! et quel coup du sort !
Mais le vaillant serre les dents, s’arme de bâtons qu’il dérobe avec audace au Chevalier de Lemire, qui, bon prince, fait semblant de n’y point voir.
Le lac de l’airial apparaît enfin. La délivrance est proche. Ici point de jouvencelle aquatique tendant l’épée des paladins. Seuls quelques anatidés aiguisent notre appétit. Mais les félons canards sont trop loin et fort prestes.
Aussi, Dame Mauricette, notre bonne fée, a t-elle donné moult réjouissances et festoiements entourée de victuailles et de bonne chère afin que les corps meurtris et les estomacs vides retrouvent, séant, un doux apaisement.
Chacun s’en pu alors aller l’âme sereine et le ventre plein en leurs castels.
Texte du Chevalier de Lemire
Photos du Chevalier et du Sieur de Vilquin
Bulles du Chevalier