Ce mercredi 30 novembre, quatorze silhouettes rassemblées à l’entrée du Parc de Majolan tapaient des pieds pour ne pas trop se refroidir : par un petit brouillard frisquet ; chacun espérait bien que le soleil allait pointer les bords de son disque et nous réchauffer. Mais Henri était là, et Michel avait sa chocolatine, sans doute allait-il neiger ! Les quatre animateurs souhaitent la bienvenue à Martine et Patrick, qui nous ont rejoints, ainsi qu’à un petit nouveau : Christian, pour cette rando haute en couleurs d’automne.
Tournant directement le dos à Majolan, c’est vers le pont de la Jalle Blanche que nous sommes partis pour rejoindre le Moulin Noir. Celui-ci est un moulin dont la trace remonte au XIV° siècle. Plus tard il a appartenu à la famille Plassan qui lui a légué son nom. Ce moulin à roue horizontale, comme beaucoup dans la région, compensait l’absence de chûte d’eau par le débit de la jalle. Le blé noir où le mout-on ? Sous les meules du Moulin Noir, bien sûr.
Evocation des productions locales issues des traditions maraîchères pour nourrir Bordeaux, et de l’hirudiniculture (environ 20000 pièces annuellement à l’hectare) pour alimenter les officines médicales – Voir au 137 de la rue Ste Catherine, boutique de M. Béchade en 1845. La Gironde est encore un haut lieu de production de sangsues de nos jours, mais c’est une autre histoire !.
Après avoir traversé les bananeraies du marais, et eu un échange jovial avec un des maraîchers locaux, nous avons atteint l’autre coin de Majolan. Tournant à nouveau le dos au parc, c’est vers le pont du Moulin Blanc (toujours sur la Jalle Blanche) que nous sommes repartis. Le Moulin Blanc (Landemoulin pour les historiens) ne date que du XII° siècle, et abritait au XIX° un restaurant (Le Goujon Vivant), dont on dit qu’il a reçu Marcel Cerdan, mais qu’il était aussi une guinguette réputée et fréquentée par les bordelais en goguette. Le froment où le mout-on ? Sous les meules du Moulin Blanc, bien sûr.
Bon je ne suis pas sûr de ces toponymies basées sur les couleurs des blés, mais c’est ce qui se dit. N’appelle-t-on pas la jalle de Blanquefort la Jalle Noire, et celle d’Eysines la Jalle Blanche ? Et le Château fort de Blanquefort (le fort blanc), a appartenu au Prince Noir ? Sans oublier le Château de la Dame Blanche qui nous domine sur les côteaux du Taillan ! Dans le marais les aigrettes sont blanches, mais les hérons sont gris !
Revenons vers Majolan, par un sentier qui le jour de la reco était gardé par un cochon noir. L’entrée de ce beau parc ouvre la vision sur le grand lac, ses célèbres ruines et falaises artificielles et ses vieux arbres à la cime desquelles les grands cormorans (noirs) prennent la pose héraldique pour sécher leurs ailes. Les vedettes du parc sont les immenses cèdres du Liban, les cyprès chauves de Louisiane, et les orangers des Osages d’Amérique du Nord. Les allées sont bordées d’une frise de cailloux noirs et blancs qui zig-zaguent . Des imprudents ont abandonné leurs mains dans les ferrailles du pont d’accès aux ruines romantiques. Ce matin les canards, poules d’eau et autres oies (blanches) ne sont pas dérangées. Les mouettes sont rassemblées sur les hauts fonds du bassin …
La réalisation de cette campagne est due au banquier Pigannaud à qui la femme avait apporté le château Dulamon en dot. Menant grand train, il fit faillite et le domaine fut alors morcelé. Le Château abrite maintenant les Orphelins d’Auteuil, la Vacherie (initialement dotée d’une voie Decauville) des activités culturelles municipales, et le Parc fait le bonheur des familles depuis des générations. Après quelques ponts franchissant les reflets des arbres jaunes et roux, après avoir admiré l’embarcadère souligné lui aussi de frises noires et blanches, nous avons achevé notre randonnée près de la Maison du Jardinier, sous l’énorme platane à l’entrée du parc.
A la semaine prochaine au Burck.
Hervé
Texte et photos d'Hervé